poème

Je vis, je meurs

Je vis, je meurs : je me brûle et
me noie.
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est
trop molle et trop dure.
J’ai grand ennuis entremêlés de joie :

Tout
à coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment
j’endure :
Mon bien s’en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup
je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène :
Et
quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve
hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et
être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé



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